blogs.fr: Blog multimédia 100% facile et gratuit

www.africabox.com / telecharger et acheter l'album

Blog multimédia 100% facile et gratuit

 

BLOGS

vibration culture

vibration culture

Blog dans la catégorie :
Musique

 

Annonce vocale

 

Statistiques

 




Signaler un contenu illicite

 

www.africabox.com / telecharger et acheter l'album

studio d' Ismael Isaac

DONFE et ISMO GANGABA MADINGO STUDIO DONFE et MOUSSA DOUMBIA

DONFE et ISMO GANGABA
DONFE et ISMO GANGABA 
he man ici on ne s'ennuie pas ....big up

 

DONFE , AZIZ SAMB ET FALLOU DIENG

 
QUE dieu vous bénisse mes ainés....

 

DONFE à zenith folie

 
En compagnie de son ami Bilieve ....lui c'est un homme fort grand styliste de son etat

 

ZENITH FOLIE AVEC DONFE

 
 DONFE est en compagnie de ZINO  à Zenith folie à la radio marcory

 

les grands leaders noirs

Martin Luther King (1929-1968) | 24 août 2006


Martin Luther King est né à Atlanta, en Géorgie, le 15 janvier 1929. Sa mère, Alberta Williams, institutrice avant son mariage, était la fille d'Adam Daniel Williams, pasteur pendant dix-sept ans de l'Eglise baptiste Ebenezer et pionnier de la résistance aux discriminations raciales : membre de la National Association for the Advancement of Colored People, il avait lutté pour obtenir un collège secondaire pour les Noirs et fait boycotter un journal raciste. Son père, Martin Luther King Senior, était également pasteur, et il succéda d'ailleurs dès 1931 à Adam Williams dans la responsabilité de la paroisse.

Le milieu où le jeune Martin Luther King (Martin Luther King Junior) allait grandir était donc celui d'une bonne classe moyenne. Tout en étant très bagarreur et très émotif, il connut effectivement une enfance paisible imprégnée de morale évangélique. Martin Luther King a ignoré le ghetto et la misère, les rats et la vermine, qui étaient et restent le lot de plusieurs millions de Noirs américains et il eut toutes les facilités pour entreprendre de bonnes études. Son père, fils d'un ouvrier asservi de plantation, avait su s'élever dans la société, acquérant à la fois une influence de responsable spirituel et une aisance matérielle certaine. Martin Luther Jr savait qu'on attendait de lui une réussite analogue.

De fait, le jeune homme fit des études brillantes. En 1944, il entrait au Morehouse CoUege d'Atlanta, pensant devenir médecin ou avocat. Malgré le souhait de ses père et grand-père, il ne désirait pas devenir pasteur à son tour, se sentant mal à l'aise avec l'émotivité excessive qu'il percevait dans les églises réservées aux Noirs. Toutefois, l'enseignement de certains de ses professeurs qui étaient pasteurs lui prouva qu'une carrière religieuse pouvait être intellectuellement satisfaisante, et il finit par embrasser cette voie. Il fut ordonné dans le temple de son père à Atlanta en 1947, et nommé assistant de cette paroisse.

Toujours étudiant à Morehouse, Martin Luther King eut une activité très dense au sein de la National Association for the Advancement of Colored People (N.A.A.C.P.), organisation créée en 1909. Car s'il bénéficiait d'une sécurité matérielle, il n'en connaissait pas moins l'insécurité morale qui frappait tous les Negres et, comme son père, il voulait faire progresser la situation de ses frères de peau. Il quitta Morehouse en 1948, avec une licence de lettres, pour le Crozer Theological Seminary de Chester, en Pennsylvanie, où il était l'un des six Noirs dans un groupe de cent étudiants. En 1951, il obtint une licence de théologie et décida de poursuivre des recherches à l'Université de Boston, tandis qu'il continuait à suivre des cours de philosophie à l'Université de Harvard. A partir de 1953, il se consacra à la rédaction d'une thèse : "Comparaison de la conception de Dieu chez Paul Tillich et Henry Nelson Wieman". Il obtint le doctorat de troisième cycle de théologie systématique en juin 1955.
King possédait une solide érudition. Le théologien "social" Walter Rauschenbusch avait marqué sa pensée, tout comme Henri-David Thoreau, Hegel, Tillich, et ... Gandhi. Il se définissait comme "personnaliste", et il ne faisait point de doute pour lui que l'Eglise devait jouer un rôle actif dans l'établissement de la justice sociale. Il avait également lu Marx, ce qui, dans les Etats-Unis de l'époque, n'allait pas de soi.

En 1952, Martin avait fait la connaissance de Coretta Scott, pédagogue de formation et chanteuse. Cela avait abouti à leur mariage, le 18 juin 1953, et, en septembre 1954, tous deux s'installaient à Montgomery (Alabama), ville habitée par cinquante mille Noirs et quatre-vingt mille Blancs, où Martin Luther King prit la succession d'un "pasteur de choc", dans une des églises baptistes noires qui comptaient beaucoup de familles aisées et d'intellectuels.

Le boycott de Montgomery:
Le 17 mai 1954, la Cour Suprême des Etats-Unis avait décrété que dans l'éducation, droit majeur de l'homme, la ségrégation était contraire à la Constitution. Il s'agissait d'un événement important, qui ouvrait une brèche dans le mur soigneusement élaboré du mépris racial , mais l'intégration était encore loin d'être réalisée, surtout dans les Etats du Sud. Afin d'intéresser ses paroissiens aux problèmes du peuple noir, et surtout afin de les amener à faire pleinement usage de leurs droits civiques, King suscita très vite un comité d'action sociale et politique, et il invita les membres de la communauté à adhérer à la N.A.A.C.P. qui avait été pour beaucoup dans la décision de la Cour Suprême. Mais c'est le ler décembre 1955 que se produisit l'événement qui allait orienter toute sa carrière de pasteur.

Ce jour-là, en effet, une couturière noire de cinquante ans, Mme Rosa Parks, refusa de céder sa place assise dans l'autobus à un Blanc, comme les lois de l'Alabama le lui enjoignaient. La police l'interpella, et elle se serait retrouvée en prison si un témoin de la scène n'avait payé immédiatement sa caution. Martin Luther King fut averti et, scandalisé, il décida avec son ami le pasteur Ralph Abernathy d'organiser le soir même une réunion au temple, avec tout ce que la communauté noire de Montgomery pouvait compter de membres influents, pasteurs, avocats, médecins, syndicalistes... Un syndicaliste ayant suggéré un boycott des autobus, l'idée fut discutée et, progressivement, adoptée. Les pasteurs annonceraient la décision à l'office du dimanche. Un tract serait distribué à la population de couleur. Le lundi 5 décembre, les Noirs ne devraient pas prendre l'autobus pour aller au travail, à l'école, à la ville ! Le lundi matin, chacun était anxieux : les Noirs prendraient-ils ou non l'autobus ? Ils ne le prirent pas, et les conducteurs se promenèrent tout seuls, car les Blancs s'étaient eux-mêmes abstenus par crainte des troubles ! Les taxis, en revanche, étaient pleins, les rues étaient encombrées de bicyclettes et de piétons. On marchait. Certains, qui avaient quinze ou vingt kilomètres à effectuer pour se rendre à leur travail, marchèrent même beaucoup. Mais on souriait, on applaudissait, on s'interpellait. C'était la levée en masse de la piétaille ! La police aurait voulu arrêter les meneurs... mais qui était meneur ?

Dans la journée, Mme Parks fut condamnée à dix dollars d'amende pour violation des lois locales de ségrégation. Le soir, une grande assemblée se tint. Martin Luther King, parlant plusieurs orateurs, s'écria : "Nous en avons assez d'être maltraités et opprimés. Nous avons été trop patients. Une des gloires de la démocratie, c'est qu'elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mis sans violence ni haine. L'amour du prochain sera notre règle". Les applaudissements et les reprises en choeur de ses phrases l'interrompaient constamment. On décida que le boycott serait prolongé jusqu'à ce que des pratiques humiliantes cessent d'être imposées aux Noirs dans les autobus. On créa aussitôt une nouvelle organisation, l'Association pour le Progrès de Montgomery, et King en fut nommé président.
L'action dura trois cent quatre-vingt deux jours ! A maintes reprises, les autorités firent pression sur King pour qu'il mette fin au boycott. Le 26 janvier 1956, on l'arrêta sous le fallacieux prétexte d'excès de vitesse. Quatre jours plus tard, un attentat fut commis contre son domicile, manquant de déclencher une réaction noire violente qu'évita de justesse King en faisant appel à la raison. En mars, on intenta un procès au pasteur pour violation des lois anti-boycott, et il fut condamné à cent quarante jours de prison et cinq cents dollars d'amende. Cette lutte, Martin Luther King l'a racontée dans "Combats pour la liberté".

Pendant des mois, les Noirs, unis comme ils ne l'avaient jamais été, s'entraidèrent ainsi pour des services de taxis bénévoles, permettant le transport quotidien de quarante deux mille personnes, ou s'encouragèrent les uns les autres à circuler à pied et à se tenir prêts à être jetés en prison. Au bord de la faillite, la compagnie d'autobus fut finalement obligée d'accepter la fin des mesures discriminatoires. Mais la victoire ne s'arrêtait pas là : dès novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis avait déclaré inconstitutionnelles lois imposant la ségrégation dans les transports ! Le 21 décembre, les Noirs purent ainsi prendre les autobus dans mêmes conditions que les Blancs, sous la protection d'une loi anti-ségrégation. Pour eux, c'était la prise de la Bastille !
L'action s'étend

Dès lors, Martin Luther King allait apparaître comme le leader national du mouvement de résistance. En janvier 1957, les leaders noirs de dix Etats du Sud se rencontraient pour former l'organisation qui s'appellera Southern Christian Leadership Conference (S.C.L.C.), et King en fut élu président. Pour commencer, cette organisation décida de concentrer son attention sur la discrimination pratiquée dans les transports ailleurs qu'à Montgomery malgré la nouvelle loi, et l'accession des Noirs au droit de vote.

Figure de proue du mouvement noir, King parcourut, en 1957, des dizaines de milliers de kilomètres et prononça deux cent huit discours. On l'appelait "le nouveau Moise" ou "le nouveau Gandhi". Un thème revenait comme une obsession dans toutes ses allocutions : la défense des droits civiques. Et pour obtenir ces droits, proclamait-il, il fallait que les Noirs commencent par acquérir le respect d'eux-mêmes. Preuve de la popularité grandissante de King : en mars 1957, Kwame Nkrumah l'invitait aux cérémonies qui marquèrent l'indépendance du Ghana.

A son retour d'Afrique, les deux mouvements de lutte, la S.C.L.C. et la N.A.A.C.P., décidaient d'organiser une manifestation à Washington, le 17 mai 1957, pour le troisième anniversaire de la décision de la Cour Suprême supprimant la ségrégation dans les écoles. Vingt-cinq à trente mille Noirs et quelques Blancs, massés devant le mémorial de Lincoln, écoutèrent les orateurs qui réclamaient la fin de la ségrégation raciale. King fut ovationné. Un mois plus tard, il était reçu, en compagnie de Ralph Abemathy, par le vice-président Nixon. Puis, le 23 juin, c'était au tour du président Eisenhower de lui accorder une audience. Mais dans les deux occasions, on ne lui fit que des réponses très vagues, qui aboutirent à une loi affirmant le droit de vote des Noirs mais n'offrant guère d'espoirs d'application immédiate. Le langage de King, lui, était ferme et exigeant.
En septembre 1958, mois de la sortie en librairie de "Combats pour la liberté", Martin Luther King fut insulté, brutalisé et arrêté par des agents de police. Il fut vite relâché, un inconnu ayant payé sa caution. Mais, peu après, une femme noire exaltée, que des campagnes de diffamation contre le pasteur avaient convaincue que celui-ci était communiste, lui plantait un coupe-papier en acier dans la poitrine. La pointe s'arrêta tout contre l'aorte, et c'est miracle que King ne soit pas mort. Pendant sa convalescence, invité par Nehru, il se rendit avec sa femme en Inde, sur les traces de Gandhi.

Le progrès vers l'égalité raciale restait bien lent, surtout dans le Sud des Etats-Unis. Presque partout, on se contentait de gestes symboliques, par exemple quelques élèves noirs dans une grande école qu'on proclamait "intégrée". De ce fait, la patience des Noirs était mise à rude épreuve, et à partir de 1959, les "Musulmans Noirs", qui refusaient de faire appel, comme King, à la conscience des Américains blancs et prônaient la violence, commencèrent, sous la direction d'Elijah Muhammad et surtout de Malcolm X, cette autre grande figure de l'Amérique noire, à acquérir une large audience, surtout dans les ghettos noirs des grandes villes du Nord.
A la fin de 1959, les King quittaient Montgomery, où Martin Luther, étant donné ses fonctions à la tête de la S.C.L.C., ne pouvait plus assurer un service pastoral normal, et ils rejoignirent Atlanta.

"Sit-ins" et "voyages de la liberté":
Montgomery avait été le premier épisode de la révolte noire. Greensboro fut le deuxième. Dans cette ville de Caroline du Nord, autre Etat des plus racistes des U.S.A., quatre étudiants noirs s'installèrent, le ler février 1960, dans un buffet réservé aux Blancs et refusèrent d'en partir. Une station de radio transmit l'information. Aussitôt, des dizaines d'étudiants vinrent en renfort à leurs camarades : les "sit-ins" venaient de faire leur apparition comme tactique de masse.

Ce mouvement allait s'étendre à plus de cent villes et mobiliser soixante-dix mille protestataires. Injuriés, les manifestants restaient silencieux. Frappés, ils ne rendaient pas les coups. Même quand des jeunes Blancs s'amusaient à tirer les cheveux des filles noires ou à écraser des cigarettes allumées sur leur cou, celles-ci ne répondaient pas. Tous priaient et supportaient tout dans la dignité. Il y eut des centaines d'arrestations. Martin Luther King n'avait pas été directement à l'origine de cette action, mais il allait d'un lieu à un autre, soutenant les résistants, se joignant à leurs démonstrations, se faisant arrêter avec eux. Il expliquait : "Pour que la résistance non-violente ait un sens, il faut que cela soit dirigé vers la réconciliation. Notre but final est la création de la communauté d'amour fraternel. Les tactiques non-violentes sans l'esprit de la non violence peuvent devenir une sorte de violence". Cette forme de lutte contre la ségrégation permit d'accomplir à un rythme accéléré l'intégration dans les restaurants, sur les plages, dans les piscines, dans les bibliothèques, dans les églises...

En 1960 toujours, des jeunes de la S.C.L.C. organisaient un groupe distinct pour l'action, et ils l'intitulaient "Comité des Etudiants Non-violents" (S.N.C.C. ou Snick), groupe qui, sous l'impulsion notamment de Stokely Carmichael, allait évoluer cinq à six ans plus tard en s'éloignant de la non-violence. C'est l'année aussi où King fut accusé de fraude fiscale, accusation dont il fut lavé mais qui le toucha beaucoup moralement. Le leader insistait toujours plus sur la Luther King avait été parmi les quelques vingt et un mille personnes arrêtées dans les Etats du Sud, tandis que quelques progrès étaient apparus en direction de l'intégration et des droits des électeurs, et que des comités paritaires poursuivaient des négociations dans plus de cent localités.

Prix Nobel de la Paix 1964:
Kennedy mort, en était-ce fini des espoirs des Noirs américains ? Lyndon B. Johnson poursuivit, heureusement, les efforts de son prédécesseur, et le 2 juillet 1964, une nouvelle loi sur les droits civiques était votée. Ce texte s'attaquait à la non-participation politique des Noirs, interdisait la discrimination dans les lieux publics, faisait désormais relever les infractions du ministère fédéral de la justice et non plus des juridictions locales, et créait une commission pour étudier les cas de discrimination dans le travail. Aucune loi n'était allée jusqu'à présent aussi loin dans le sens de l'égalité raciale. Pourtant, au même moment, des émeutes noires éclataient un peu partout : New-York, Jersey-City, Dixmoor, Philadelphie... Les jeunes des ghettos des grandes villes américaines du Nord, en effet, avaient dépassé la frontière du désespoir. Ils n'avaient ni passé ni avenir : ils se jetaient dès lors dans la violence la plus aveugle.

En septembre 1964, King était invité par Willy Brandt à Berlin, et il était reçu en audience par le pape Paul VI. A son retour, il soutenait la candidature de Johnson à la présidence des Etats-Unis... et apprenant son élection pour le prix Nobel de la Paix, qu'il allait recevoir à Oslo le 10 décembre 1964.

Par l'intermédiaire du Prix Nobel, Martin Luther King devenait pour le monde entier le symbole de cette révolte noire qu'il était déjà pour le Sud des Etats-Unis, le symbole de la lutte pour la justice par des moyens non-violents. Mais si sa célébrité faisait le tour de l'univers... elle était en train de mourir aux portes des quartiers misérables des métropoles du Nord, dont les habitants entendaient déjà un autre rêve : celui du "Black Power" (Pouvoir noir), celui d'une Amérique sans les Blancs.

Dans la plupart des villes industrielles du Nord et de l'Est, la main-d'oeuvre noire, fuyant le Sud pour trouver des conditions de vie plus humaines, s'était entassée dans des quartiers qui avaient vite ressemblé à l'enfer. Education au rabais. Pas ou peu de fondation professionnelle. Des débouchés en quantité très limitée. Très fort chômage. Revenus inférieurs. Généralisation de l'assistance sous ses pires formes. Conditions sanitaires critiques. Très forte densité. Dégradation de la vie familiale... Au bout, que pouvait-il y avoir, sinon la révolte ? Que pouvait-il y avoir, sinon une haine accumulée contre les Blancs, même si, à la différence du Sud, il n'y avait pas, dans le Nord, de lois racistes ?

En mars 1965, Martin Luther King remporta son dernier succès avec la marche de Selma à Montgomery. Le gouverneur Wallace, de l'Alabama, ne voulait pas abandonner sa politique ségrégationniste, malgré les directives gouvernementales. Une première marche de protestation fut donc organisée, mais elle fut brutalement arrêtée par la police locale, qui fit soixante blessés parmi les manifestants. Martin Luther King lança alors un appel à tous les partisans des droits civiques pour recommencer, en masse cette fois. Le 21 mars, trente cinq mille "pélerins" rejoignirent Montgomery ! Toutefois, King, proposant un boycott national des produits de l'Alabama, ne fut pas suivi. Pire ! il devenait à présent évident que les jeunes Noirs doutaient désormais des possibilités de l'action non-violente, et ils étaient de plus en plus nombreux à se tourner vers la réaction violente à l'injustice, en se réclamant du "Black Power".

Alors que la non-violence avait permis des changements progressifs dans le Sud, les conditions avaient empiré dans le Nord, où la misère économique rejetait les Noirs encore plus que des lois racistes ne pouvaient le faire. Ayant méconnu la réalité des ghettos du Nord, King se trouva tout à coup en face d'une Amérique Noire qui lui échappait et qui risquait de sombrer dans le meurtre. Il n'apparaissait plus que comme un "bourgeois moraliste", un "oncle Tom" manié et téléguidé par le pouvoir blanc, et les émeutes allaient embraser l'Amérique pendant quelques années...

La radicalisation... et la mort:
Martin Luther King avait conscience de tous les espoirs qui avaient été mis en lui, et il ne voulait pas décevoir. Aussi fit-il l'apprentissage des ghettos noirs, quand bien même il s'apercevait qu'on l'écoutait moins. Progressivement aussi, il découvrit que le mal n'était pas seulement dans les coeurs, pas seulement dans les institutions, mais qu'il était également dans les choix politiques. Jusqu'ici, il avait cru au système américain : il commençait à présent à le critiquer. C'était tout le système qui était empreint de racisme, un racisme subtil et quotidien.

En 1966, Martin et Coretta King s'installèrent dans un quartier noir de Chicago. Suivant l'exemple de Danilo Dolci en Sicile, King rassembla des chômeurs pour restaurer des logements inhabités. Le propriétaire le fit poursuivre en justice. Il organisa une grève des loyers avec des locataires exploités. Les classes supérieures s'indignèrent : il avait touché au sacro-saint droit de propriété ! Il aggrava son cas en proposant au maire des mesures qui furent qualifiées de socialistes : construction de logements sociaux dispersés dans la cité, amélioration des transports, augmentation de 100 % du budget scolaire pour des écoles vraiment intégrées... S'adressant au gouvernement fédéral, il réclama un revenu annuel minimum garanti par tête, des lois interdisant la ségrégation pour les ventes et locations de logements, l'augmentation des subventions pour l'éducation, les services sanitaires et sociaux... Il voulait que la République fasse pour ses anciens esclaves ce qu'elle avait fait pour ses anciens combattants. Toutefois, toutes ces initiatives ne rencontrèrent que peu d'échos.

Au début, les militants du "Black Power" refusèrent de collaborer avec King comme celui-ci le souhaitait malgré les divergences ; mais devant ses efforts, ils finirent par accepter. King glorifia avec eux le pouvoir créateur du Noir, faisant imprimer sur des milliers d'affiches "Black is beautiful". Puis, le 4 avril 1967, il lançait une "Déclaration d'Indépendance à l'égard de la guerre du Vietnam", faisant valoir que cette guerre empêchait tout effort sérieux contre la misère aux U.S.A. et dans le monde, et que surtout, elle était un acte criminel.
Pendant l'été 1967, Martin Luther King se rendit encore à Cleveland apporter son soutien à Carl Stokes, un Noir candidat à la mairie. Mais celui-ci, craignant de perdre quelques électeurs blancs... refusa de le rencontrer. Stokes fut cependant élu.

Les émeutes, pendant ce temps, continuaient. Le pasteur proposa des moyens non-violents de protestation : "Bloquer le fonctionnement d'une cité sans destruction est plus efficace qu'une émeute. Cela obligera l'administration et le Parlement à chercher des remèdes plus radicaux que des mesures de police". On ne l'écouta pas. Ne désespérant pas, Martin Luther King, alors qu'il était une nouvelle fois emprisonné à Birmingham avec d'autres leaders, commença à préparer avec ceux-ci l'organisation d'une "Marche des Pauvres" de tout le pays vers Washington pour le printemps 1968. Sa foi dans la non-violence restait entière : "Dans un monde dont la culture et l'esprit sont tellement en retard sur la capacité technologique, au point que nous vivons chaque jour au bord de l'anéantissement nucléaire, la non-violence n'est plus un choix pour l'analyse intellectuelle : c'est un impératif pour l'action". Signe de sa radicalisation, il fit un discours à New-York, à la mémoire de W.C.B. Du Bois, Noir américain éminent, devenu communiste, et mort, exilé volontaire, au Ghana. Le 31 mars 1968, à la cathédrale épiscopalienne de Washington, il accusait : "On a libéré les Noirs, mais on ne leur a pas donné de quoi se payer le car jusqu'à la maison".
C'est alors que, tout en préparant la "Marche des Pauvres", Martin Luther King alla participer aux manifestations des éboueurs grévistes de Memphis (Tennessee). Depuis huit semaines, ceux-ci, dont une majorité de Noirs, étaient en grève, et il y avait eu des violences : mort d'un jeune homme tué par la police, arrestations en grand nombre. Les leaders se demandaient s'il fallait tout arrêter ou continuer. King vint donc, pour marcher avec les travailleurs dont la dignité était en cause. Le soir du 3 avril, il parla au temple maçonnique de la ville : "Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie. La longévité, c'est appréciable. Mais ce n'est pas à cela que je pense maintenant. Je veux seulement faire la volonté de Dieu. Il m'a permis de monter sur la montagne. J'ai regardé au-delà et j'ai vu la Terre Promise. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur".

Le lendemain en fin d'après-midi, Martin Luther King se trouvait sur le balcon de sa chambre d'hôtel. Il appela un ami qui passait sur le trottoir : "Bien entendu, tu joues "Seigneur, prends ma main" ce soir à la réunion. Joue-le bien, pour moi". A ce moment, on entendit un coup de feu. King eut la gorge trouée. Il mourut une heure plus tard.
Comment juger aujourd'hui l'action de Martin Luther King ? Le principal résultat de son combat se situe au plan législatif : les Noirs peuvent en appeler maintenant à l'arsenal des textes fédéraux, et la ségrégation n'est plus légale nulle part aux Etats-Unis. Pendant une dizaine d'années, la communauté noire américaine s'est mobilisée autour d'une même stratégie ; elle a fait bloc, elle a pris en main son destin comme jamais auparavant. Certes, King s'est vu abandonné dans les dernières années de sa vie par toute une partie de son peuple, parce qu'il avait trop tardé à faire une analyse politique de la société américaine et qu'il n'avait pas pris conscience assez tôt de la réalité des ghettos du Nord. Ce n'est vraiment qu'à partir de 1967, avec la guerre du Vietnam, qu'il réalisa que "son rêve" ne s'harmonisait pas avec la société d'un John Kennedy ou d'un Lyndon Johnson. Les textes qu'il a publiés dans Où allons-nous et La seule révolution témoignent de son évolution. Mais, d'une part, il n'est pas certain que le Martin Luther King "politisé" eut pu réaliser ce que le Martin Luther King des années 1955-1964 a pu faire par son pouvoir charismatique et religieux. D'autre part, qui, depuis, a pu faire mieux que lui ? Le "Black Power", après des débuts retentissants, s'est progressivement tu, et les "Panthères Noires" elles-mêmes en sont venues à préférer des actions sociales à une lutte armée impossible...

King a été le levier qui a soulevé la communauté noire et l'a mise dans la rue pour le juste combat. Il a montré que la non-violence active pouvait gagner.

Source : Christian Delorme, Directeur de Publication d'Alternatives Non Violentes
http://lpdw.free.fr/freedom/martinlutherbio.htm

Publié par ravelchristophe

Marcus Mosiah Garvey (1887-1940) | 24 août 2006


L'histoire du rastafarisme commence avec Marcus Mosiah Garvey, prophète noir qui acquit une certaine popularité dans le Harlem des années 20. Le culte de cette figure légendaire n'a pas cessé d'être célébré depuis par tous les reggaemen. Burning Spear lui consacra même deux albums entiers. Peter Tosh fait référence à l'homme sur le morceau The Prophets (Album Bush Doctor, Rolling Stones Records, 1978) et Bob Marley l'évoque aussi sur Kinky reggae (album Catch a Fire, lsland, 1973). Globalement incompris et calomnié aux Etats-Unis, il était en revanche adoré et respecté par ses compatriotes jamaïcains.

Né en Jamaïque en 1887, Marcus Garvey émigra aux Etats-Unis en 1916 et, l'année suivante, il fonda l'Association universelle pour l'amélioration de la condition noire (Universal Negro Improvement Association, UNIA, toujours en activité). Sous son impulsion, cette organisation devint le principal défenseur de " la rédemption par le rapatriement" (redemption trough repatriation), avec la bénédiction du Ku Klux Klan. La classe moyenne noire et les libéraux blancs étaient effrayés par de telles positions, pensant que la solution des problèmes raciaux reposait sur la cohabitation intelligente des différentes communautés. Le Klan, en revanche, approuvait tout à fait cette purification ethnique par un départ volontaire. Pour aider le mouvement, le Klan alla jusqu'à participer à certains meetings de l'UNIA, à l'invite de son leader. Très actif, Marcus Garvey créa son propre journal, The Negro World, à New York. Le slogan nationaliste de Garvey " One Aim, One God, One Destiny " en devint la devise.

En 1919, Marcus Garvey créé la Black Star Line, compagnie maritime censée servir le projet de rapatriement. Il fit la tournée du pays à la façon d'un monarque pour promouvoir son initiative et recueillir des investissements. A New York, il descend les rues de Manhattan à bord d'une Limousine, suivi par 250 000 adeptes. Les autorités fédérales commencent à s'intéresser à lui. En 1922, après la banqueroute de la Black Star Line, Garvey et trois de ses associés sont poursuivis par les tribunaux. Accusé de fraude postale, il reste en liberté surveillée jusqu'en 1925. Sa condamnation est alors confirmée. Il est emprisonné au pénitencier fédéral d'Atlanta. Le président Collidge commuta sa sentence en 1927 et Garvey fut envoyé en exil en Jamaïque. Il ne reste de ses projets que des paroles de chansons, Culture et quelques autres n'ayant pas renoncé au voyage :

" They took us away from our homeland
And we are slaving down here in Babylon
They are waiting for an opportunity
For the Black Starliner which is to come "
Culture, Black Starliner (Trust me, Jahmin' Records, 1997)

Les Jamaïcains écoutent avec enthousiasme les meetings de Garvey, organisés dans les mois qui suivent son retour. La vie politique de l'île s'en trouve bouleversée. Il est vrai que Marcus Garvey peut compter sur le soutien d'un autre activiste, son ami Leonard Percival Howell, avec lequel il a noué des liens lors de son séjour à New York.
En dépit de cette ambiance sympathique et animée, Garvey se trouvait à l'étroit et, en 1935, il part pour l'Angleterre. De là, il surveille la régression internationale de son mouvement. Il meurt en Angleterre en 1940.
Avant de partir pour l'Angleterre, Marcus Garvey prononça à Kingston un discours qui marqua le lancement du mouvement Rasta. Dans une église de la capitale, un dimanche de 1927, il eut ces mots :

" Look to Africa, where a black king shall be crowned "
" Regardez vers l'Afrique, où un roi noir doit être couronné "

En novembre 1930 le Daily Gleaner, journal populaire de Kingston, rapporta en première page qu'un chef tribal méconnu, Ras Tafari Mekonnen, avait été couronné sous le nom de Heile Selassie I (le nom signifie " Pouvoir de la Sainte Trinité "). Les Rastas y virent un accomplissement de la prophétie de Garvey. Pour s'en assurer, ils cherchèrent dans la Bible une confirmation de la nature divine des événements, dans la tradition du revivalisme. A force de chercher, ils trouvèrent un passage qui confirmait le mythe, au paragraphe 5:5 de la Revelation :
" Then one of the Elders said to me, ‘weep not ; lo, the lion of the tribe of Judah, the Root of David, has conquered, so that he can open the scroll and its seven seals "

C'est Archibald Dunkley, ancien matelot comme Howell, qui relèvera ces allusions bibliques. Plusieurs générations de Rasta ont poursuivi ce bricolage mythologique en l'enrichissant de références, de rites et de figures diverses. Aujourd'hui, l'histoire du mouvement Rasta laisse de côté la façon dont s'est constituée la croyance. Les protecteurs du mythe développe une iconographie et un discours qui doit montrer le caractère spontané et quasi-magique des faits qui ont conduit à la formation du mouvement rasta. Culture consacra par exemple la pochette de Trust Me au culte de Heile Selassie, représentant les passages de la Bible qui avalisent la croyance Rasta comme s'il s'agissait de trésors archéologiques prouvant l'existence de l'Atlantide.

Source : Kzino sur www.fluctua.net

Publié par ravelchristophe

William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) | 24 août 2006


William Edward Burghardt Du Bois est né le 23 février 1868 à Great Barrington, dans le Massachusetts, et mort le 27 août 1963 à Accra, au Ghana.

Du côté de son père, Alfred Du Bois, ses ancêtres sont des Français protestants, qui ont émigré aux Etats-Unis, puis aux Bahamas après la Révolution américaine. Son arrière-grand-père était un propriétaire terrien, qui possédait des esclaves, et a eu deux fils avec l'une de ses mulâtresses. Du côté maternel, Tom Burghardt avait été capturé en Afrique orientale et placé en esclavage dans le Massachusetts, puis affranchi pour ses bons et loyaux services pendant la guerre d'Indépendance américaine.

Du Bois passe une enfance heureuse à Great Barrington, où les Burghardt (la branche blanche et la branche noire) sont respectés comme l'une des plus anciennes familles de la ville. Élève brillant, il devient à quatorze ans le correspondant occasionnel des journaux The Globe et Springfield Republican. A quinze ans, il termine ses études secondaires : il est le premier élève noir à réussir l'examen final de son lycée.

Sa mère étant morte, il obtient une bourse pour aller étudier à l'Université Fisk à Nahsville dans le Tennessee. Cette Université est l'une des plus importantes Universités noires aux États-Unis ; Du Bois a toujours voulu étudier à la prestigieuse Harvard, mais son séjour à Fisk lui donne l'occasion de se trouver pour la première fois de sa vie dans un environnement majoritairement noir et lui ouvre les yeux sur la réalité de la misère et les frustrations auxquelles doivent faire face les Noirs dans le Sud.

Après l'obtention de sa licence (BA, 4e année) à Fisk, en 1888, il est admis à Harvard University, mais seulement comme étudiant de troisième année car Harvard ne pense pas que le niveau d'éducation fournie à Fisk soit équivalent à ce qui est exigé des étudiants d'Harvard. Néanmoins, il continue à exceller dans toutes les matières. Il suit les cours de William James et de Georges Santayana en philosophie, de Franck Taussig en économie et d'Albert Bushnell Art en histoire. Sur les conseils de James, il décide de travailler en thèse d'histoire sur la suppression de la traite des Noirs. En 1892, il obtient une bourse du Slater Fund pour aller étudier à Berlin où il suit des cours d'économie, de politique et d'histoire ; il a l'occasion d'assister à des conférences de Max Weber, qui participera à la conférence annuelle organisée par Du Bois en 1904 à l'Université d'Atlanta. De Berlin, il voyage dans toute l'Europe. À la fin de son troisième semestre à Berlin, sa bourse n'est pas renouvelée et il ne peut finir son doctorat en Allemagne. Il rentre donc à Harvard en 1894 pour terminer son troisième cycle.

En 1895, il est le premier Noir à obtenir un diplôme de Harvard, avec sa thèse sur "la suppression de la traité négrière africaine aux Etats-Unis 1638-1870", thèse qui fut publiée en 1896 dans le premier numéro de "Harvard Historical Studies", réédité en 1969 (New-York, Shocken). De 1894 à 1896, il enseigne le latin, le grec, l'allemand et l'anglais à l'Université de Wilberforce dans l'Ohio, après avoir été refusé par Fisk, Howard University, le Hampton Institute et surtout le Tuskegee Institute, la plus célèbre université noire, fondée et dirigée par Booker T. Washington. Il épouse Nina Gomer, une étudiante de Wilberforce, et la même année obtient un poste d'assistant en sociologie à l'Université de Pennsylvanie. Il dispose d'un fonds pour conduire une étude sociologique sur la population noire du septième « Ward » de Philadelphie. Les enquêtes aboutiront à The Philadelphia Negro, publié en 1899, remarquable travail qui utilise les méthodes les plus modernes de sociologie que Du Bois a notamment acquises à Berlin (contextualisation, usage de l'outil statistique, etc.) pour rendre compte de la situation dramatique des Noirs dans un Sud où règne la ségrégation.

L'année suivante, il s'associe avec Alexandre Crummell et d'autres intellectuels noirs pour fonder The Americain Negro Academy, le premier institut noir d'arts, de lettres et de sciences. De 1897 à 1910, il est professeur d'économie et d'histoire à l'Université d'Atlanta, où il devient directeur des "Conférences d'Atlanta", conventions annuelles en vue d'établir des données scientifiques précises sur la vie des Noirs aux Etats-Unis. Il reviendra à l'Université d'Atlanta comme chef du département de sociologie, de 1934 à 1944. Il a un fils, Burghard, qui meurt de dysenterie à l'âge de vingt mois, puis une fille, Yolande, née en 1900.

Mais Du Bois n'est pas seulement un universitaire : il s'engage fortement en faveur de l'obtention des droits civiques pour les Noirs, et milite activement pour la fin de la ségrégation. En 1900, il prépare la première conférence panafricaine qui a lieu à Londres. C'est là qu'il prononce pour la première fois son intuition célèbre : "Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs." En 1905, il invite cinquante-neuf Noirs, des intellectuels, des savants, des universitaires, pour mettre au point une stratégie commune de lutte pour la progression des droits civiques des Noirs. Les vingt-neuf membres présents fondent le 11 juillet le mouvement Niagara, précurseur du NAACP (National Association for the Advancement of Colored) qui voit le jour en 1910. Ce mouvement biracial lutte contre l'exclusion dans l'emploi et à l'école, contre la ségrégation territoriale et contre la pratique du lynchage. Il utilise la médiatisation, la publicité et les plaintes devant les tribunaux. Du Bois est embauché comme directeur des publications et des recherches, mais il est le seul Noir élu au conseil d'administration. Il est le rédacteur en chef du journal mensuel de l'association, The Crisis. Ses audaces éditoriales, son intransigeance (il critique de manière très virulente la presse noire) et ses provocations (allant parfois jusqu'à l'appel à la haine raciale) soulèvent une controverse au sein même de la communauté noire.
En 1912, il soutient l'élection de Woodrow Wilson. Pendant la première guerre mondiale, Du Bois incite les Noirs à s'engager, comme soldats ou dans les industries de guerre, pour gagner la reconnaissance des Blancs, mais il dénonce en même temps la discrimination à leur encontre dans l'armée, ce qui lui vaut d'être menacé de poursuites par le département de la Justice.

Du Bois est considéré comme l'un des pères du panafricanisme (avec George Padmore) après le congrès de Manchester en 1945 : les deux hommes avaient organisé ensemble la conférence panafricaine de Londres en 1901, exigeant pour les colonies des "gouvernements responsables" et le respect de l'indépendance de Haïti, du Libéria et de l'Ethiopie. En 1919 il organise le premier congrès panafricain, et avec l'aide de Blaise Diagne, membre sénégalais de la Chambre des députés en France, persuade Clemenceau d'autoriser le congrès à se réunir à Paris. Cinquante-sept délégués venus des États-Unis, d'Europe, d'Afrique et des Indes orientales y assistent. En 1921 a lieu le deuxième congrès panafricain, qui se tient successivement à Londres, Bruxelles et Paris ; il est marqué par les divisions entre les délégations anglaise et américaine d'une part, belge et française de l'autre. Les premières réclament des politiques de confrontation directe, alors que les secondes cherchent à réaliser un compromis avec leurs gouvernements. Du Bois présente des résolutions à la Société des Nations à Genève et demande au Bureau International du Travail d'enquêter sur les conditions de travail dans les colonies. Il démissionne de son poste de secrétaire du mouvement panafricain. En 1927, il participe au Congrès panafricain qui a lieu à New York et en 1929 à celui qui a lieu en Tunisie. Il y rencontre notamment Kwame NKrumah

En 1933 il commence à réévaluer sa position sur la ségrégation, devenant de plus en plus pessimiste quant aux possibilités d'intégration, en particulier à cause des conséquences de la crise économique. Il est de plus en plus convaincu par le marxisme, en particulier après le voyage qu'il fait en Union Soviétique en 1926; il enseigne à Atlanta un séminaire intitulé "Marx and the Negro". Il démissionne en 1934 de son poste de rédacteur des publications et de la recherche au NAACP : c'est l'aboutissement d'une longue série de désaccords avec le NAACP, dont il dénonce la dérive à droite. Pourtant, dans le chapitre de son autobiographie où il revient sur ses convictions politiques, il écrit :
"Je n'étais pas, et je ne suis toujours pas, communiste. Je ne crois pas au dogme de l'inévitabilité de la révolution pour redresser les maux économiques."
La relation de Du Bois au socialisme est, comme tant d'autres choses, ambiguë : elle ne repose pas, contrairement à ce que certains ont dit, sur de l'adoration, mais elle relève d'une approche pragmatique de la politique. Il est convaincu de la supériorité morale et politique du communisme sur le capitalisme, mais ni l'un ni l'autre ne sont capables par eux-mêmes de surmonter les préjugés de la race. C'est la promesse du communisme, bien plus que ses résultats, qui intéresse Du Bois; c'est la possibilité de restaurer une véritable démocratie aux États-Unis, en luttant contre l'opinion trop répandue selon laquelle l'American way of life est coextensif avec la liberté.

En avril 1950, il participe à la fondation du Peace Information Center, organisation destinée à promouvoir la paix internationale et luttant pour l'interdiction des armes nucléaires, et il en est élu président. Le mouvement est théoriquement démantelé en octobre pour avoir refusé d'être officiellement enregistré comme « agent au service de l'étranger » par le département de la Justice. En 1951 il est inculpé sous le coup du MacCarran Act, l'une des nombreuses législations de l'époque instituées pour entraver la liberté d'expression : il risque cinq ans de prison et dix mille dollars d'amende. Sa femme Nina est morte à Baltimore en 1950. Il épouse alors l'écrivain Shirley Graham, qu'il a rencontrée en 1920 quand elle n'était qu'une enfant, puis avec laquelle il a correspondu pendant dix ans, afin qu'elle puisse bénéficier d'un droit de visite en prison. Finalement, grâce au soutien de diverses organisations humanitaires, il est libéré sous caution, et lors du procès qui a lieu du 8 a 13 novembre, le juge décide son acquittement, au motif que le gouvernement n'a pas réussi à établir de lien entre le Peace Information Center et une quelconque organisation étrangère.

En 1950, Du Bois est désigné comme candidat de l'American Labor Party pour un poste de sénateur au Sénat de New York. Il obtient 4% des voix à l'échelle de l'État et 15% à Harlem. Selon Du Bois, la solution au "problème noir" est marxiste et internationale : il faut comprendre la répression du peuple noir en termes de lutte des classes ; la libération ne peut être que mondiale. Son soutien à des positions d'extrême-gauche l'éloigne de plus en plus de la pensée noire américaine traditionnelle. En 1954, surpris par l'arrêt de la Cour Suprême Brown contre Topeka, qui par décision unanime de la Cour, met un terme à la ségrégation légale dans le cadre scolaire, il écrit : "I have seen the impossible happen". En 1956, il rédige un message de soutien à Martin Luther King Jr., lors du boycott des bus à Montgomery. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il voyage continuellement, bien qu'il essuie de fréquents refus de visa (pour assister au World Youth Festival à Varsovie en 1955, pour donner des conférences en Chine populaire en 1956 ou pour participer au Premier Congrès Mondial des Écrivains et Artistes Noirs en Sorbonne, à Paris, en 1956) : il va en Jamaïque, à Trinidad et à Cuba en 1947; puis de 1958 à 1960, en Angleterre, en France, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Tchécoslovaquie, en Allemagne de l'Est et en Union soviétique, où il rencontre Nikita Khrouchtchev; enfin en Chine, où il est reçu par Mao Ze Dong. En 1961 il adhère officiellement au Parti Communiste américain, et devient directeur de l'Encyclopedia Africana. La même année, sur l'invitation de Nkrumah, il émigre avec sa femme au Ghana. Lorsque son visa expire en 1963, les autorités américaines refusent de le renouveler ; Du Bois renonce alors à la nationalité américaine, demande, et obtient, la nationalité ghanéenne : on a pu y voir un échec de ses positions internationalistes et le repli sur un afrocentrisme désabusé, le signe que le "problème noir" n'était pas prêt d'être résolu aux Etats-Unis. Il s'éteint le 27 août 1963, la veille de la marche pour les droits civiques des Noirs sur Washington, où Martin Luther King prononça la célèbre allocution "I have a dream".

Source : Biographie détaillée de W. E. B. Du Bois, par Magali Bessone, (Les âmes du peuple noir) op.cit., pp.271-279).

Ouvrages principaux de W.E.B. Du Bois
The suppression of the Slave Trade to the United States of America, 1638-1870
The Philadelphia Negro (1899)
The Souls of Black Folk (1903),
John Brown (1909)
The Quest of the Silver Fleece (1911)
Black Reconstruction in America (1935),
The Gift of Black Folk
The Negroes in the making of America
Dusk of Dawn (1940)
The Black Flame (1957-1961)
Du Bois est l'architecte principal de l'Encyclopedia Africana. Ses essais et articles sont innombrables, dans des revues aussi diverses que The Crisis, Horizon, The Independant, Century, Louisiana Weekly, Phylon, National Guardian, etc.
Son ouvrage primordial reste Les Ames du peuple noir, qui a donné pour la première fois une voix au peuple noir.

Publié par ravelchristophe

Ce soir: Dernier journal de 20h pour Harry Roselmack | 24 août 2006

81% des français souhaite que Harry Roselmack continu de présenter le journal de 20h sur TFI selon un sondage CSA publié aujourd'hui dans le parisien. Remplaçant de PPDA (en vacances) depuis le 17 juillet, son talent fait l'unanimité.


Pas de panique les filles, il revient à la rentrée sur TF1 pour coprésenter le magazine hebdomadaire "Sept à huit" avec Anne-sophie Lapix. Pour ceux qui ont LCI, il présentera également le journal de 18h de la chaine.

C.Ravel

 

Minibluff the card game

Hotels